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PROJECTILES

Les éclats sur la toile sont des modalités par lesquelles la couleur s’exprime.Ce ne sont plus les contours qui délimitent cette dernière, mais l’existence même d’éclaboussures, disséminées en fonction de la toile elle-même, soit dans un espace restreint, soit dans un espace ajouré.

La question de savoir si la peinture de Michèle Sainte-Rose transgresse ou non la réalité ne se pose alors plus, puisqu’elle crée son propre univers autonome constitué quasi exclusivement de la matière: la toile, l’huile et la couleur. Si on avait à la définir, on pourrait dire qu’il s’agit d’une peinture sensualiste, sans arrière monde, sans horizon derrière la toile, coupant court aux interprétations. La pleine et entière étendue, seule.

Quel sens a donc cette peinture? Celui du chatoiement flamboyant de ce qui est donné à voir: les fulgurations et les giclements de flaques de couleur dans le flot fluctuant de la surface de la toile.On peut certes y voir autre chose, ce qu’on veut. Mais en fait ce sont des projectiles que Michèle Sainte-Rose nous fait parvenir, à travers la matérialité de leurs jaillissements.

On est touché ou on ne l’est pas, comme l’épéiste durant un combat. Peindre devient une activité qui consiste à absorber le vide. C’est pourquoi la peinture ne décrit rien mais exprime des intensités sonores et visuelles.


 

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